On passera sous
silence mon absence totale d'assiduité concernant la rédaction de
mon blog. Alors oui, j'avais en tête un projet (surhumain) qui
consistait à conter le récit de mon voyage de deux mois en
soulignant l'authenticité des rencontres, la beauté des paysages, enfin que des choses originales. L'intention était belle.
Alors à un mois et
demi de mon retour en France, on fait le bilan, calmement . Je l'avoue, je profite pour la rédaction de cet article du fait qu'il y a quelques semaines, nous
avons dû rendre notre rapport de séjour dans lequel j'ai fait
quelques observations sur le Chili et les Chiliens - ou du moins quelques images et faits de société qui m'ont marqués. Et je dois dire que j'ai appris aussi énormément dans un des cours intitulé "realidad social chilena" dont je me suis inspiré.
La culture chilienne reste encore bien conservatrice et les mentalités de certains peuvent choquer.
Cas n°1 : vous
êtes une fille. Vous êtes mal barrée. Et vas-y qu'jte siffle et que j'utilise mon klaxon customisé fait exprès pour draguer les meufs ou alors que je fais un bruit dégueu avec ma bouche! Le phénomène touche toute la gente féminine et ce, indépendamment de votre physique.
Plus sérieusement, si votre chevelure est blonde et que vous faites plus
d'un mètre 70 (mon cas en résumé), il faudra se préparer psychologiquement, les taxis
étant les plus friands de cette pratique. Evidemment, plus le temps passe et moins on y fait attention mais le machisme est palpable
et visible tous les jours.
Un autre exemple, il y a 6 mois, les nouvelles mamans ont pu bénéficier d'un allongement du congé maternité. Les hommes également peuvent en
bénéficier, mais il semble que ça ne les intéresse pas beaucoup. Très peu en ont pris l'initiative en tout cas.
Cas n°2 : vous êtes une jeune mère célibataire. LE stéréotype totalement vérifié du pays en développement. Vous rencontrerez donc ici aussi beaucoup de jeunes mères célibataires.
La situation : "mère
célibataire", à l'instar de la celle de l'ex-présidente
Michelle Bachelet, est symptomatique du Chili. Ainsi, une de mes
camarades de classe, 24 ans avec un bébé de 2 ans, m'explique que "c'est dur de se concentrer pour travailler les week-ends", du coup
elle emmène le petit Baltazar à la fac avec elle. La grand-mère ne
veut pas s'occuper de son petit-fils le dimanche parce que vous
comprenez, c'est son « seul jour de repos dans la semaine »
mais elle fait quand même les lessives ! Sans parler du père qui ne
fait pas l'effort de passer les voir et explique à la mère de son
fils que si elle veut une baby-sitter « elle a qu'à se la
payer elle-même puisque c'est pour son temps libre à elle » -
rappelons que c'est du temps libre pour faire ses devoirs.
Voilà où
on en est encore en 2012 au Chili. Bien évidemment, il y a aussi des
jeunes pères qui s'occupent très bien de leur enfant mais avouez
que lorsque 3 personnes sur 10 dans une salle de classe disent avoir un
enfant avant l'âge de 23 ans, on ne peut être qu'interpellés.
Cas n°3 : vous êtes homosexuel. Bien que la sexualité soit quelque
chose d'encore assez tabou et traité sur le mode de la plaisanterie
dans une société où l'Eglise catholique a un pouvoir conséquent,
les jeunes – et moins jeunes - Chiliens ont l'habitude de montrer
toute l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre de façon très
expansive. Les parcs, le métro et tout lieu public est considéré
comme approprié. C'est là où notre pudeur toute bien française se
voit mise à l'épreuve.
Le thème de la discrimination est très recurrent. Une "loi
anti-discrimination" vient d'être votée à une très large majorité
par le Congrès. Cependant, il a quand même fallu la mort d'un jeune
homosexuel, Daniel Zamudio, battu à mort par un groupe de néo-nazis
pour que des mesures légales soient prises. Le débat ne se résume pourtant pas seulement aux gays puisque la discrimination touche aussi les femmes ou les mapuches (peuple originaire du Chili). Alors, on n'en est
pas encore à parler du mariage homosexuel, mais pas à pas, le pays
se dirige sur un chemin plus libéral. A noter qu'être homosexuel
pour un garçon est très mal vu alors que pour une fille non. Allez
savoir ! Peut être qu'ils trouvent ça mignon. Une autre marque du
machisme sous-jacent qui pèse sur toutes les catégories de la société.
Cas n°4 : vous êtes pauvre. Pour une française qui a toujours vécu dans un pays où il existe
la Sécurité Sociale, l'école gratuite pour tous, il est étrange
d'arriver dans un pays où tout est payant. Commençons par des
situations de la vie quotidienne. Au supermarché, des étudiants sont embauchés pour empaqueter vos courses mais ne sont pas payés,
c'est vous qui devez les payer en passant à la caisse. Pareil au
restaurant, il faut laisser une « propina » ou pourboire
sinon c'est mal vu. Et si un monsieur surveille votre voiture, même
pendant 2 min, il viendra à votre fenêtre pour vous demander
quelques pièces.
Une raison ? Le système ultra-libéral voulu par le
président Piñera et herité du régime de Pinochet engendre l'abandon des services publics. Ainsi, au
même titre que l'éducation, la santé a été complètement
abandonnée.
Les quartiers riches ont de beaux hôpitaux ou cliniques et les
quartiers pauvres des hôpitaux miséreux. Et ce n'est même pas une
caricature ! Ainsi, dans l'hôpital
San Juan de Dios
proche de chez moi, des patients avec le SIDA sont mis dans la même
salle que quelqu'un avec une jambe cassée, sans compter qu'ils sont
15 dans cette même salle. Tout ce que demande le directeur de l'hopital : des lits supplémentaires. Sans parler du nombre d'heures qu'il faut
attendre aux urgences. Il n'y a tout simplement aucuns moyens et des
secteurs entiers comme celui-là sont laissés à l'abandon au profit
d'une intervention de l'Etat minimum.
Au Chili, on découvre un pays à part qui certes, fait
partie de l'Amérique Latine, mais qui n'est proche d'aucun autre,
même pas des pays frontaliers. La preuve, on peut rassembler la
Bolivie et le Pérou dans un même ensemble, les gens parlent quéchua et on voit des jolies ruines ou alors l'Uruguay et
l'Argentine parce qu'ils partagent un même peuple indigène, ils
boivent tous les deux du maté ou élèvent des vaches. Même le
Guide du Routard ne s'embête pas à faire deux guides différents !
Le Chili, lui, pour des raisons historiques n'est pas inclus,
monopolise un océan à presque lui tout seul, dispose d'une
géographie incroyablement variée et a du mal à régler ses
problèmes d'identité entre métissage et acceptation de ses origines indigènes mapuches dans une société ultra-libérale
dirigée par un patron.
Sinon, rien à signaler,
eux aussi ont des comptes Facebook et Twitter, utilisent leurs smart
phones en cours et quand ils sont prépubères, deviennent hystériques quand
Justin Bieber fait un concert à Santiago. En somme, rien de nouveau.