Santiago
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9.6.12

Dépaysement si o si pero qué tal de Justin Bieber ??


On passera sous silence mon absence totale d'assiduité concernant la rédaction de mon blog. Alors oui, j'avais en tête un projet (surhumain) qui consistait à conter le récit de mon voyage de deux mois en soulignant l'authenticité des rencontres, la beauté des paysages, enfin que des choses originales.  L'intention était belle.

Alors à un mois et demi de mon retour en France, on fait le bilan, calmement . Je l'avoue, je profite pour la rédaction de cet article du fait qu'il y a quelques semaines, nous avons dû rendre notre rapport de séjour dans lequel j'ai fait quelques observations sur le Chili et les Chiliens - ou du moins quelques images et faits de société qui m'ont marqués. Et je dois dire que j'ai appris aussi énormément dans un des cours intitulé "realidad social chilena" dont je me suis inspiré. 

La culture chilienne reste encore bien conservatrice et les mentalités de certains peuvent choquer. 

Cas n°1 : vous êtes une fille. Vous êtes mal barrée. Et vas-y qu'jte siffle et que j'utilise mon klaxon customisé fait exprès pour draguer les meufs ou alors que je fais un bruit dégueu avec ma bouche! Le phénomène touche toute la gente féminine et ce, indépendamment de votre physique. Plus sérieusement, si votre chevelure est blonde et que vous faites plus d'un mètre 70 (mon cas en résumé), il faudra se préparer psychologiquement, les taxis étant les plus friands de cette pratique. Evidemment, plus le temps passe et moins on y fait attention mais le machisme est palpable et visible tous les jours. 
Un autre exemple, il y a 6 mois, les nouvelles mamans ont pu bénéficier d'un allongement du congé maternité. Les hommes également peuvent en bénéficier, mais il semble que ça ne les intéresse pas beaucoup. Très peu en ont pris l'initiative en tout cas. 

Cas n°2 : vous êtes une jeune mère célibataire. LE stéréotype totalement vérifié du pays en développement. Vous rencontrerez donc ici aussi beaucoup de jeunes mères célibataires. 
La situation : "mère célibataire", à l'instar de la celle de l'ex-présidente Michelle Bachelet, est symptomatique du Chili. Ainsi, une de mes camarades de classe, 24 ans avec un bébé de 2 ans, m'explique que "c'est dur de se concentrer pour travailler les week-ends", du coup elle emmène le petit Baltazar à la fac avec elle. La grand-mère ne veut pas s'occuper de son petit-fils le dimanche parce que vous comprenez, c'est son « seul jour de repos dans la semaine » mais elle fait quand même les lessives ! Sans parler du père qui ne fait pas l'effort de passer les voir et explique à la mère de son fils que si elle veut une baby-sitter « elle a qu'à se la payer elle-même puisque c'est pour son temps libre à elle » - rappelons que c'est du temps libre pour faire ses devoirs. 
Voilà où on en est encore en 2012 au Chili. Bien évidemment, il y a aussi des jeunes pères qui s'occupent très bien de leur enfant mais avouez que lorsque 3 personnes sur 10 dans une salle de classe disent avoir un enfant avant l'âge de 23 ans, on ne peut être qu'interpellés.

Cas n°3 : vous êtes homosexuel. Bien que la sexualité soit quelque chose d'encore assez tabou et traité sur le mode de la plaisanterie dans une société où l'Eglise catholique a un pouvoir conséquent, les jeunes – et moins jeunes - Chiliens ont l'habitude de montrer toute l'affection qu'ils ont l'un pour l'autre de façon très expansive. Les parcs, le métro et tout lieu public est considéré comme approprié. C'est là où notre pudeur toute bien française se voit mise à l'épreuve. 
Le thème de la discrimination est très recurrent. Une "loi anti-discrimination" vient d'être votée à une très large majorité par le Congrès. Cependant, il a quand même fallu la mort d'un jeune homosexuel, Daniel Zamudio, battu à mort par un groupe de néo-nazis pour que des mesures légales soient prises. Le débat ne se résume pourtant pas seulement aux gays puisque la discrimination touche aussi les femmes ou les mapuches (peuple originaire du Chili). Alors, on n'en est pas encore à parler du mariage homosexuel, mais pas à pas, le pays se dirige sur un chemin plus libéral. A noter qu'être homosexuel pour un garçon est très mal vu alors que pour une fille non. Allez savoir ! Peut être qu'ils trouvent ça mignon. Une autre marque du machisme sous-jacent qui pèse sur toutes les catégories de la société.

Cas n°4 : vous êtes pauvre. Pour une française qui a toujours vécu dans un pays où il existe la Sécurité Sociale, l'école gratuite pour tous, il est étrange d'arriver dans un pays où tout est payant. Commençons par des situations de la vie quotidienne. Au supermarché, des étudiants sont embauchés pour empaqueter vos courses mais ne sont pas payés, c'est vous qui devez les payer en passant à la caisse. Pareil au restaurant, il faut laisser une « propina » ou pourboire sinon c'est mal vu. Et si un monsieur surveille votre voiture, même pendant 2 min, il viendra à votre fenêtre pour vous demander quelques pièces. 
Une raison ? Le système ultra-libéral voulu par le président Piñera et herité du régime de Pinochet engendre l'abandon des services publics. Ainsi, au même titre que l'éducation, la santé a été complètement abandonnée. Les quartiers riches ont de beaux hôpitaux ou cliniques et les quartiers pauvres des hôpitaux miséreux. Et ce n'est même pas une caricature ! Ainsi, dans l'hôpital San Juan de Dios proche de chez moi, des patients avec le SIDA sont mis dans la même salle que quelqu'un avec une jambe cassée, sans compter qu'ils sont 15 dans cette même salle. Tout ce que demande le directeur de l'hopital : des lits supplémentaires. Sans parler du nombre d'heures qu'il faut attendre aux urgences. Il n'y a tout simplement aucuns moyens et des secteurs entiers comme celui-là sont laissés à l'abandon au profit d'une intervention de l'Etat minimum.

Au Chili, on découvre un pays à part qui certes, fait partie de l'Amérique Latine, mais qui n'est proche d'aucun autre, même pas des pays frontaliers. La preuve, on peut rassembler la Bolivie et le Pérou dans un même ensemble, les gens parlent quéchua et on voit des jolies ruines ou alors l'Uruguay et l'Argentine parce qu'ils partagent un même peuple indigène, ils boivent tous les deux du maté ou élèvent des vaches. Même le Guide du Routard ne s'embête pas à faire deux guides différents ! Le Chili, lui, pour des raisons historiques n'est pas inclus, monopolise un océan à presque lui tout seul, dispose d'une géographie incroyablement variée et a du mal à régler ses problèmes d'identité entre métissage et acceptation de ses origines indigènes mapuches dans une société ultra-libérale dirigée par un patron.

Sinon, rien à signaler, eux aussi ont des comptes Facebook et Twitter, utilisent leurs smart phones en cours et quand ils sont prépubères, deviennent hystériques quand Justin Bieber fait un concert à Santiago. En somme, rien de nouveau.